L'histoire féérique de Papi Satoshi

Papi Satoshi n’avait pas beaucoup d’autorité sur ses petits-enfants… Mamie Shizuka intervint pour obtenir un peu de silence…

“Allons les enfants, calmez-vous si vous voulez que Papi Satoshi vous raconte son histoire…” Et en effet, tous les

petits enfants réunis autour du grand-père se tinrent aussitôt bien sages…

“Les enfants, je vais vous raconter une histoire vraie qui m’est arrivée il y a bien longtemps. À l’époque, Papi Satoshi n’avait pas encore les cheveux blancs comme la neige et n’avait pas encore besoin de chercher partout ses lunettes comme aujourd’hui…”

Grand silence…

“Je me souviens bien de ce jour là. C’était l’été depuis peu et nous venions de terminer les moissons dans les champs… Fatiguant la moisson… On est bien content quand on a terminé. C’était la fin de l’après-midi. J’avais décidé de prendre un peu de temps pour moi. J’avais rassemblé mes cannes à pêche et tout mon attirail, préparé mon bento pour le dîner… tout chargé dans la barque… et hop, en route pour l’aventure ! Le soleil était encore loin de se coucher, un petit air frais venant des montagnes au loin me rafraîchissait et faisait chanter les hautes herbes sur les rives… Je laissais ma barque dériver au gré du courant sur le grand étang doré et les hérons cendrés me guettaient au passage. La pêche à l’ayu n’était pas bien fatigante et, entre deux prises, me laissait assez de loisir pour rêver gentiment au fil de l’eau… À ce rythme, je ne tardais pas à m’assoupir sur le fond de la barque… “Kero, kero, kero” lancèrent quelques grenouilles à mon intention… “Kero, kero, kero

“Nom-d’un-ptit-samouraï ! Je me suis endormi dans la barque ! Houlà… mais c’est qu’il fait presque nuit… Et je me demande bien où j’ai pu dériver pendant mon sommeil avec toutes ces herbes géantes autour de moi…

C’était une nuit sans lune et au loin, le soleil avait déjà disparu depuis belle lurette…

Autour de moi, c’était un véritable concert de poules d’eau, de grèbes huppées et autres aigrettes… mais le plus

extraordinaire, c’était d’observer les milliers de grenouilles, grimpées sur les grandes feuilles rondes des nénuphars

pour s’en servir de plongeoir et sauter à qui mieux-mieux dans l’étang… Zabun ! (plouf)… d’autres étaient allongées

nonchalamment sur le dos entre copines, comme à la plage. Certaines prenaient même la pose en s’installant

gracieusement dans les fleurs délicates des nénuphars… Un vrai parc d’attraction… Je m’étais perdu dans le parc

d’attraction de Keroland… “

“Bon, mon p’tit gars, c’est pas tout çà… mais il va falloir que je rentre à la maison maintenant…” Distrait par toutes

mes grenouilles qui rejoignaient elles aussi leurs mares, la nuit noire était vraiment tombée… “Et quand je dis noir, c’était bien noir … mes enfants croyez-moi….”

L’assemblée de petits-enfants restaient bouche-bée… comme la grand-mère qui connaissait pourtant l’histoire par coeur… “ Enfin, noir, pas vraiment complètement… C’était étrange. Les cigales avaient pris le relais et c’était un chant irréel autour de moi… miin-miin-min-min-miiiin … miin-miin-min-min-miiiin … Et puis, c’était curieux.. peu à peu, les feuilles de nénuphars et les hautes herbes s’illuminaient…. Plein de petites lumières scintillantes faisaient leur apparition tout autour de moi, dansaient dans les airs, sur l’étang et se posaient même dans ma barque… C’est la nuit des lucioles… Je suis sauvé !”

C’était une nuit vraiment féérique, mes enfants… Des centaines de ronds dans l’étang apparaissaient soudain… Les nénuphars étaient devenus phosphorescents… Et c’est ainsi, cette nuit-là, par le chemin des lucioles illuminé

comme une grande voie lactée aquatique que j’ai pu rejoindre la route de ma maison… Quel souvenir…!! ”

La belle histoire terminée, les petits-enfants de papi Satoshi n’eurent qu’un souhait : vite rejoindre leurs lits pour se retrouver au pays des milles lucioles… C’est dire à quel point Mamie Shizuka aimait bien cette histoire merveilleuse…

 

Satoshi : Homme sage / Shizuka : Tranquillité / l’ayu : petit poisson prisé au Japon, mêlant les arômes de melon et de concombre, que l’on pêche au début de l’été / Onomatopés en italique : le cri des animaux en japonais

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