Du croquis jusqu'au modèle sur le cintre, comment un vêtement prend vie !

Bonjour à tous !
Le processus de fabrication d’un vêtement suit de nombreuses étapes avant d’atterrir sur un cintre dans votre boutique Bleu tango ! … Suivez le guide !

Un plan de collection

La première étape de la création d’un modèle est bien sûr le premier croquis, qui peut être dessiné dans un carnet, sur un post-it, sur des feuilles volantes… selon l’organisation et l’inspiration du moment ! Tous ces croquis vont ensuite être re-dessinés, chaque détail sous-pesé, pour obtenir le plan de collection final. Le plan de collection doit être équilibré - la bonne proportion de robes, vestes ou hauts ou la bonne répartition de couleurs entre couleurs chaudes et froides par exemple. C’est le compromis réussi entre la créativité et le bon sens commercial… pas toujours facile ! ( * mais grâce à ce post, vous savez que le retour des clientes en boutique est le meilleur des garde-fous pour une styliste)

Mes plans de collection sont à l’aquarelle et dessinés en miniature, pour avoir une vue d’ensemble ( oui, bien vu, j’assouvis ma passion pour le miniature et les poly-pocket® grâce à mon travail…#jobderêve ) et vérifier que tout est cohérent.

 

 A partir de ces croquis, deux méthodes s’offrent à moi : le patron (à plat sur du papier) et le moulage (en volume, directement sur le mannequin Stockmann, avec du tissu « brouillon » aka la toile à patron). On privilégie le patron à plat pour une pièce structurée (une veste ou un manteau par exemple) et on choisira le moulage sur mannequin pour une pièce « floue » comme une robe légère ou une jupe drapée…

Le patronage à plat, c’est de la gé-o-mé-trie… ou essayer d’anticiper ce que donneront en volume les formes tracées à plat. Je pars de formes de bases (base de la jupe, base du corsage,…) que je modifie ensuite pour obtenir les modèles désirés. Après quelques années de patronage, j’ai un répertoire complet de formes et je peux jongler entre toutes ces bases. On trace les patrons sur du papier à patron (sans blague vous n’auriez pas deviné hein !) tout léger, grâce à deux supers outils :
- Le Perroquet (ou le pistolet), une règle courbée qui ressemble … à un perroquet (ou un pistolet ;-)
- La Japonaise, une règle graduée de 5cm de large et 50cm de long qui est parfaitement plate et transparente, donc, indispensable !

 Un perroquet bien sûr !!

Mais ce que je préfère, c’est le moulage sur mannequin. J’ai l’impression de sculpter le tissu autour du mannequin, c’est plus sensuel, et l’expression « intelligence de la main » prend tout son sens. Bien qu’obéissant à de nombreuses règles (utiliser le tissu dans son sens naturel - le droit-fil - par exemple), le moulage me donne plus de liberté pour créer mes modèles.

Une fois un patron ou un moulage obtenus avec l’une des deux méthodes, je couds le modèle dans de la toile à patron (le tissu brouillon), pour vérifier si le modèle tombe comme je le souhaite. Je le fais essayer à différents mannequins, différentes morphologies, pour rectifier ce qui ne collerait pas dans le bien-aller du vêtement. La toile à patron étant plutôt rigide et couleur écru (car non-blanchie), la toile est rarement glamour, il faut faire un effort d’imagination…

Le modèle en toile à patron, toujours hyper glamour…

Une fois le patron dûment rectifié grâce aux essayages, je couds le prototype et créé sa fiche technique. La fiche technique sera la « carte d’identité » du modèle ( - Vos papiers siouplé…) car il donne toutes les informations sur les fournitures, le tissu, les finitions… Mais une fiche technique ne suffit pas : Le prototype doit être le plus fidèle possible à ce que je souhaite obtenir, en terme de finitions et de tissu, pour donner la meilleure idée possible à l’atelier. En effet, même avec le patron et la fiche technique les plus précis possible, il y aura un nombre incroyable d’interprétations différentes du modèle !!! Quand on sait que sur le projet de l’Airbus l’Allemagne et la France ont mis quelques années à se rendre compte qu’ils n’utilisaient pas les mêmes mesures, on se dit qu’un petit proto aurait été bien utile !
( l'Allemagne ) - Mais ?! Vous êtes en centimètres ? On vous a envoyé une fiche technique en pouces nous !!!
( la France ) - ARGGHH mais il fallait nous le préciser sur la fiche !!!
Voilà, je pense avoir brillamment démontré que le prototype est l’avenir de l’Europe…

Ce prototype du modèle va ensuite être bien utile à l’atelier qui montera le modèle (c’est-à-dire qui va coudre la production). Le patron sera digitalisé  (un peu barbare comme vocabulaire je vous l’accorde) : la digitalisatrice scanne à l’aide d’une super-télécommande® le patron, pour le rentrer dans son super-logiciel®. Elle pourra ainsi le « grader », pour le faire passer de la taille 36 à la taille 46… Le prototype et son dossier technique (le patron et la fiche technique) vont également être scannés (mais là avec son super-regard®) par la chef d’atelier, qui possède un flair infaillible pour détecter une finition sensible ou une solution meilleure… Pour chaque lancement de nouvelle collection, on se met d’accord sur chaque détail, débat de chaque finition, et on rigole beaucoup.

Une fiche technique, c’est moche mais ça peut sauver votre production

 

Les collections Bleu tango sont cousues en Pologne, à Tarnow. Notre atelier emploie 30 couturières. Je suis très fière de travailler avec cet atelier haut-de-gamme, qui coud les collections de grandes marques reconnues (comme Heimstone).

C’est un vrai engagement pour Bleu tango de choisir une confection européenne, de qualité haut-de-gamme. Nous refusons une confection bon marché basée sur l’exploitation de travailleurs sous-payés, dans des conditions difficilement défendables. Et qui plus est, à l’autre bout du monde, l’empreinte carbone de vos pièces Bleu tango dit non merci ! Entre nos tissus français, italiens, portugais et notre confection polonaise, nous revendiquons une marque Erasmus et fière de l’être !

Alors oui, le prix n’est pas le même que chez Z...a ou H...M (ha oui ça marche moins bien pour H&M)… mais c’est le prix de conditions de travail aux normes européennes et d’une qualité haut de gamme et ça, on y croit chez Bleu tango !



Pour que les ateliers puissent coudre la collection, il leur faut les tissus et les fournitures (boutons, zips & co) à temps, dans les bonnes quantités… Dit comme ça, ça semble relativement simple… En vérité, c’est un cauchemar de délais, de retards, de commandes inversées, de changements de références, etc (liste non-exhaustive, vous avez vu, cela sent le vécu) et cela porte le doux nom d’organisation de la production (bouh!!). Tous les créateurs de mode la redoutent car la prod (son p’tit nom) est un tour de force d’organisation, de communication, et de SAINT-ESPRIT (amen).

Une fois les modèles cousus, les collections sont livrées à la boutique …pour que je puisse les poser sur cintres sur les portants !!
...et voici l'histoire d'une collection Bleu tango ! 

à très bientôt !

Lou

C’est l’occasion de re-regarder notre super-film sur la vie de l’atelier maintenant que vous maitrisez toutes les étapes… vous reconnaitrez le patronage, le moulage sur mannequin et la couture des prototypes… Ainsi que l’aménagement d'une ancienne boutique en juin 2014 avec toutes les forces vives Bleu tango :-) Oui, cette vidéo date un peu, mais nous n'avons pas changé notre processus de fabrication ! La vidéo sur les coulisses Bleu tango est d'Olympe Cothouit ! ©Olympe Cothouit - www.thouitandco.blogspot.fr

Retour au blog

3 commentaires

Très bien expliqué, je vous remercie. C’es encourageant.

Zeghlache

C’est super généreux de partager votre façon de faire ! Ça m’encourage à croire en la faisabilité de ma première collection !
Un immense Merci et bonne continuation :-)

Samia

Votre article m’encourage à continuer d’avancer dans mon projet.
Merci

Marzougui

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.

Google Reviews