Archive : notre ancien façonnier made in Europe

Note de l'autrice : cet article vous présente notre ancien atelier de confection, avec qui nous avons travaillé 5 ans, jusqu'en 2018.

Je vous emmène aujourd'hui dans mes bagages visiter l'atelier de mon façonnier Linglin, où je me rends chaque saison pour lancer la collection. Comme vous le savez, les collections sont cousues entre la France et la Pologne, dans une entreprise franco-polonaise. Nous avons l'immense chance d'avoir un façonnier ( le petit nom du fournisseur qui coud les modèles ) INCROYABLE. 
 
Départ très tôt le matin, pour attraper au vol le TGV en Gare du Nord, en direction d'Hazebrouck (à une heure de Lille, je précise pour les géographie-phobes)(oui, comme moi), où je suis accueillie par le patron, M.Brument. Après un café -indispensable - il me conduit à Saint-Omer, joli petit bourg aux maisons ocres qui brasse sa propre bière (nous y reviendrons), et où l'atelier est planté.
 
Dans le bureau lumineux de M.Brument trône une merveilleuse carte de la Pologne... des milliers de routes et de villages aux noms énigmatiques -car polonais- tracent un réseau dense, ponctués de punaises qui signalent un atelier affilié à l'entreprise. Chaque atelier a une spécialité, certains coupent le tissu, d'autres montent les modèles... Une sacrée organisation !

 
Dans l'atelier, on retrouve ensuite Sylvie, qui digitalise et grade les patronages : à l'aide d'une télécommande et d'une table magique (j'ai cherché un adjectif plus sérieux, mais je n'ai pas trouvé...), elle enregistre un patron "informatique", qu'elle peut ensuite envoyer par mail...et bien sûr grader, c'est-à-dire transformer proportionnellement les mesures du patron entre la taille 36 et la taille 46. Les plans de coupe sont dessinés par Sylvie, qui va indiquer aux couturières comment placer sans perte les pièces de patron sur le tissu. ..et SUPER-SYLVIE supervise aussi la production : c'est elle qui appelle pour informer d'un retard, signaler un tissu disparu,...
Et il y a bien sûr Nathalie, chef d'atelier, qui connait le nom de toutes les finitions de couture de la terre (sans rire). Du coup, quand elles parlent toutes les deux, j'apprends plein de nouveaux mots (un rempli à l'ourleur, un recouvrement trois fils : toute une poésie de termes techniques) et leurs dialogues peuvent parfois ressembler à ça = 
 
Avec Sylvie et Nathalie, nous faisons défiler toute la collection en discutant de chaque modèle, de chaque finition, de chaque détail. Nous passons en revue et débattons pour réfléchir à la meilleure solution, en fonction des machines et des possibilités de l'atelier :
(Remarquez les yeux de bambi et la bouche en cœur pour essayer de faire passer mon modèle...)
Lors de ces discussions, nous avons de temps en temps des idées brillantes. Un jour, Nathalie a eu une super idée pour les étiquettes des vêtements réversibles... Si cela vous dit quelque chose, c'est normal, on en a parlé ICI :-)

Les finitions et la complexité générale du modèle vont déterminer son prix. J'ai découvert en commençant à travailler avec leur équipe que les prix sont calculés à la minute ! Petite explication : chaque couture ou détail prend un certain nombre de seconde ou minute : une poche passe-poilée demandera plus de minutes de travail qu'une poche simple, et augmentera donc le coût du modèle. C'est un vrai spectacle d'observer Nathalie se saisir d'une fiche technique et commencer à pointer chaque étape  de la confection en détaillant le "temps" de travail à coups de petits signaux et codes dont elle griffonne la fiche... Le temps de confection est ensuite converti en prix, en fonction du coût du travail actuel (exemple : le smic horaire) : C'est pour cela qu'il est normal qu'un même modèle augmente légèrement entre deux saisons...

 
Je vous présente maintenant le plus gentil livreur de tous les temps, le seul garçon de l'atelier avec le patron, Jérôme ! En plus d'assurer toutes les livraisons pour Paris et banlieue, il gère les stocks : Jérôme range chaque tissu et chaque fourniture pour les différentes marques selon un mode de stockage très ... personnel ! D'ailleurs tout le monde est vaguement inquiet de ne pas savoir s'y retrouver si Jérôme tombe malade quelques jours... Si vous cherchez une formation "se rendre indispensable en trois leçons", demandez donc à Jérôme de vous donner des cours ;-) !

 
J'ai ensuite rendez-vous avec Sainte-Melissa, qui s'occupe -entre mille autres choses- de mes fournitures. J'ai donc proposé au Pape de la canoniser, car ce n'est pas une mince affaire de gérer les boutons, griffes, zips, curseurs réversibles Bleu tango ! C'est également grâce à elle qu'il y a des poèmes sur les étiquettes ! ...Et qui compte les boutons ? Sainte-Melissa-Priez-pour-nous-pauvres-boutons bien sûr !

(Oui, Melissa est toujours entourée de plein de cartons et dossiers, sans compter les bébés en route...)

Bon, bien sûr, il ne faut pas se mentir : ce que je préfère chez mon façonnier, c'est que je mange des Moules-frites à midi... Confection européenne ET moules-frites de qualité !
...Moules-frites accompagnées de la bière de Saint-Omer, légèrement ambrée, que j'ai découverte grâce à Sylvie. Il y a même une fête de la bière à Saint-Omer. M.Brument JURE qu'il y a des cultures de houblons autour du village, mais on n'en a jamais vu...C'est la version nordique de l'Arlésienne, ces houblons !
 
>>> Ceci est une déclaration d'amour <<<
Vous l'avez compris, c'est grâce à toutes ces personnes talentueuses, passionnées, impliquées, que les collections Bleu tango prennent vie et sont si joliment cousues. C'est grâce à leur confiance, leur professionnalisme, leur expérience, et leur soutien sans faille que Bleu tango est une marque de qualité, à la confection européenne soignée. Je l'ai déjà expliqué, une collection est toujours un petit miracle en soi : un mélange de bonne synchronisation, d'organisation, de compétence, (de saint-esprit),... et ce petit miracle serait impossible à chaque fois sans le travail admirable de mon façonnier, faiseur quotidien de miracles ! (Bon, finalement on devrait canoniser toute l'équipe !).

...Après une journée bien remplie, il est temps de rentrer à Paris ! Pour cela bien sûr, il s'agit de ne pas rater son train...ma grande spécialité...
( >> La dernière fois, j'ai réussi à avoir mon train à l'heure, mais j'ai eu 3 heures de retard car un chevreuil a décidé de se suicider sous le TGV... Histoire vraie)
 
Merci d'avoir suivi mes aventures dans le grand Nord,
et à très bientôt pour découvrir la collection en boutique, fruit du travail des nombreuses personnes passionnées et talentueuses qui travaillent chez Linglin !
Lou
Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.

Google Reviews