Grettache

Il était une fois, dans un royaume entouré de forêt, vivait une petite orpheline du nom de Gretta. Son visage était constellé de tâches de rousseur, si bien que ses camarades de l’orphelinat lui avaient attribué le surnom de Grettache. Gretta détestait ce surnom, mais elle était fière et retenait toujours courageusement ses larmes devant les enfants méchants qui s’en prenaient à elle.

Un jour, alors qu’elle se rendait à l’école, Gretta entendit quelqu’un chantonner dans son dos « Grettache, Grettache, ta grand-mère a des moustaches ! »

« C’est même pas vrai ! » s’exclama la petite fille en serrant les poings. Mais sa colère ne fit qu’encourager le vilain garçon qui se moquait d’elle. « Comment tu peux le savoir ? T’as pas de maman, donc t’as pas de mamie ! » « J’ai une maman ! C’est juste qu’elle... elle.. elle est partie... » bredouilla Gretta. « Moi, je suis sûr que sa maman c’est une sorcière » commenta une fillette. « La dernière fois, j’ai vu la sorcière du bois de Vilbrandt et elle avait des tâches partout sur le visage elle aussi. Elle était super moche, comme Gretta ! »

Tous les enfants éclatèrent de rire autour de la pauvre Gretta qui dû faire de gros efforts pour ne pas éclater en sanglot. Quand la maîtresse arriva, le calme se fit et les élèves entrèrent deux par deux dans la classe, en dehors de Gretta qui, elle, entra seule, comme d’habitude.

En sortant de l’école, Gretta avait toujours envie de pleurer. Le cœur en berne, elle marcha longtemps à travers le village, sans réaliser que ses pas la menaient bien au delà de l’orphelinat. Elle marcha, marcha, marcha, jusqu’à ce que ses pieds lui fassent mal.

C’est là qu’elle réalisa qu’elle se trouvait devant une petite cabane en bois dans la forêt. Gretta s’approcha de la maisonnette, curieuse de voir qui pouvait bien vivre dans un tel endroit. En se hissant sur la pointe des pieds, elle parvint à regarder par la fenêtre et manqua de pousser un hurlement. A l’intérieur, se trouvait une femme au cheveux en bataille et au nez long et pointu. « La sorcière du bois de Vilbrandt » murmura Gretta, le cœur battant. Lentement, elle se retourna, prête à rebrousser chemin pour retourner à l’orphelinat, mais au même moment, la porte de la bicoque s’ouvrit sur la sorcière qui hurla : « Qui va là ?! »

Gretta hésita. On lui avait dit que les sorcières mangeaient les petites filles trop curieuses, mais elle avait trop peur et ses jambes refusaient de bouger pour s’enfuir. Le cœur au bord des lèvres, elle dit : « Je.. je suis désolée madame... Je me suis perdue en rentrant de l’école... » La sorcière se tourna vers Gretta et la petite fille réalisa alors que sa camarade avait dit vrai : son visage aussi était maculé de taches, à la différence près que contrairement à celles de Gretta, celles de la sorcière étaient de toutes les couleurs. Des roses, des rouges, des bleues.. « Ce sont des tâches de rousseur ? » demanda Gretta, sans réfléchir, en observant les pommettes multicolores de la sorcière. Cette dernière fronça les sourcils puis sourit. « Exactement. Ce sont des taches magiques. C’est de là que je tiens mes pouvoirs. Est ce que tu veux des taches comme les miennes ? » Gretta n’hésita pas une seconde et hocha la tête. La sorcière retourna quelques secondes dans sa maison avant d’en ressortir avec une palette pleine de peinture dans une main et un pinceau dans l’autre. Elle s’agenouilla devant Gretta puis, avec une grande douceur, peignit délicatement plein petits points aux milles couleurs sur le visage de la petite fille.

« Est ce que les autres enfants t’embêtent à cause de tes taches de rousseur ? » demanda la sorcière. Gretta hocha la tête. « Eh bien la prochaine fois qu’ils auront l’idée d’être méchant avec toi, dis leur que la sorcière du bois de Vilbrandt a très faim en ce moment, et qu’elle aime beaucoup le goût des vilains petits garnements. » Gretta réprima un frisson, puis s’enquit d’une petite voix : « Et moi, vous n’allez pas me manger ? » « Non petit trésor » la rassura la sorcière en lui caressant les cheveux. « tes tâches de rousseur font de toi un être exceptionnel et je ne mange pas les petites filles exceptionnelles. »

Le soir, quand elle rentra à l’orphelinat, toute tristesse avait déserté le cœur de Gretta. Même lorsqu’on se moqua d’elle parce qu’elle avait de la peinture partout sur le visage, elle ne s’en offusqua pas. Car désormais, elle savait que, comme pour la sorcière, c’était sa différence qui lui donnait du pouvoir. Et qu’un jour, elle aussi mangerait les vilains petits garnements.

 

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