Il était une fois, Kenza, belle brune aux yeux noirs.
Kenza est bloquée dans un univers minuscule, rabougri. Assignée aux mots usés et aux syllabes réduites, soit elle est KO soit elle dit OK à tous. Parfois, elle oscille entre ROCK et PUNK ou se voit affublée d’un KILT voire se transforme en sniffeuse de COKE. Rarement, elle se fait un KIF mais alors il y a débat pour savoir si tout ça est bien français !
Jeudi 18 novembre 2021, « Bienvenue dans le monde fermé des Lettres Compte Triples ». Adorées et huées, elles vivent dans un univers KAKI, ou tout est en KIT, et les LOOKS scrutés. Alors Kenza se sent un peu à l’étroit, se prend même à rêver de KAWA sachant pourtant que K & W sont les Roméo et Juliette du français, rarement réunies... D’autant qu’elle sent bien qu’elle est à la merci de la chance et de l’esprit de ces inconnus, s’ils trouvent des mots allant jusqu’à lui prêter un KEUM de temps à autres, ou s’ils échouent à dépasser les KSI et autres joyeusetés héritées du grec ancien.
Kenza est triste, Kenza est las, Kenza en a marre de jouer les emmerdeuses. Son champ des possibles se réduit, ne dépassant jamais les quatre lettres - dans les grands jours ! -, étant la dernière à être appelée, entourée de ses comparses qui souvent boivent un petit coup de trop entre le KIR et l’ARAK.
Alors Kenza tente le tout pour le tout, s’étire de toutes parts, se contorsionne, travaille sa souplesse, prend quelques jolis kilos pour s’arrondir. Après quelques mois de dur labeur, elle se meut en R. D’un coup, d’autres univers s’ouvrent : elle rencontre des CORÉENS, se gave de RAISIN, rit aux éclats d’un désir ARDENT.
Parfois, au bonheur des cases, elle boit avec plaisir un RAKI, et adore se parer, dans les grands froids de l’hiver, d’une PARKA. Elle s’est même prise d’amour pour les rares parties de POKER. Finalement, pour se sentir chez elle auprès des siens, elle a dû partir pour mieux revenir, de temps en temps.