Les hirondelles de la rivière des rêves

Ami·e, t’es-tu jamais demandé qui te déposait dans tes rêves ?

... Oh, tu pensais y arriver tout·e seul·e ? Quelle fanfaronnade ! Sache que chaque voyage a un véhicule. On ne se téléporte pas de l’autre côté de la terre ; de la même façon, on ne se téléporte pas au pays des rêves. On y est emmené à dos d’hirondelle. Si elles ne font pas le printemps, c’est qu’elles sont occupées à veiller sur notre sommeil.

Elles volent vers l’autre côté du miroir dans un air épais, si épais qu’on parle plutôt de rivière ; dans lequel un humain ne pourrait même pas bouger un orteil. C’est le solide flux de tout ce qui nous rattache au sol. Ruminations, excitations, nos pensées bouclent et forment des maelströms qui rendent la rivière pratiquement innavigable, que les hirondelles bravent courageusement, leurs feux de croisement écarlates dans la folle course vers le rivage.

Parfois dans ce voyage entre veille et sommeil, la rivière secoue trop fort, à mille pieds au-dessus du sol. Alors on tombe de l’hirondelle, tombe à travers la poix, jusqu’à échouer dans notre lit dans un grand sursaut, tout à fait réveillé·e.

Ami·e, je te sens circonspect·e. Je comprends : moi aussi, je ne crois que ce que je vois. C’est d’ailleurs pour cela que je peux te conter cette histoire. Me vois-tu, sur la belle image ? Les bras écartés, les paupières écarquillées, je vogue sur mon hirondelle. De mon rêve éveillé je te rapporte ce témoignage, ami·e.

Dans ta prochaine traversée, emporte quelques caresses et quelques graines. Ne crains plus le sommeil, tu n’y es pas seulˑe. Remercie ta monture et elle te mènera à bon port.

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